Témoigner et se reconstruire après un AVC grâce à l'écriture

July 26, 2022

Un jour, une vie bascule. Un corps, victime d’un AVC, lâche sans crier gare.

C’est ce qui est arrivé à Jean-Baptiste Roussel, en octobre dernier, comme à 150 000 personnes chaque année en France. Que vous ayez été victime d’un AVC ou pas, le livre que je souhaite partager avec vous dans cet article s’adresse à chacun d’entre nous.

AVC… Prêts ? Repartez ! (Éd. Les 3 Colonnes) fait partie de ces lectures qui sauvent.

 

Grâce au journal de bord que l’auteur a tenu pendant toute sa période d’hospitalisation, nous suivons Jean-Baptiste, pas à pas, en soins intensifs puis sur le chemin de sa rééducation, avec ou sans son ami le déambulateur. Décoder le mal, surmonter l’épreuve inattendue, apprivoiser la vie d’après et se reconstruire, tels sont les enjeux que propose« AVC… prêts ? Repartez ! ».

Ce récit autobiographique, ce livre-témoignage est un hymne à la vie, un hommage à tout le corps médical, une ode à tous ceux qui l’ont soutenu — sa femme Estelle, ses enfants, ses amis, ses collègues, d’autres patients et les soignants — pour l’aider à se relever physiquement et moralement.

Le narrateur nous raconte son histoire d’AVC depuis le jour J0 jusqu’à « la quille » à J + 63.

Sa première douche à J + 4 est une épreuve : « Ma main droite savonne mon corps de manière énergique et saccadée. Mes doigts sont animés d’une ardeur, certes incontestable, mais maladroite. Ils s’agitent dans tous les sens, comme pour reprendre leurs esprits et retrouver leur coup de main d’antan. […] Je jongle avec le pommeau.Le jet fouette ma peau endolorie. Certains pores, insensibles, ne répondent pas à l’appel. […] Après cette douche singulière, horizontale, […] La tête tourne.Les nausées surgissent. Je laisse le temps faire son œuvre pour apaiser ce qui peut l’être. Puis, je me stabilise, enfin, et profite, assis, des rayons d’un soleil d’octobre, qui amorce sa lumineuse montée. Je ferme mes paupières et laisse les rayons réchauffer mon visage d’ombres. »  

À J + 15, en centre de rééducation, il découvre une nouvelle réalité : « Dans cet univers particulier, je reprends pied avec la réalité, avec ma réalité. Épreuve d’humilité que celle de mesurer l’étendue des dégâts. Épreuve de courage que celle de remettre, progressivement un cerveau paralysé à l’ouvrage.

Je fais face. Je fais front. Je fais fi de mes maux de tête pour engager le nécessaire travail de rééducation. »

À J + 21, il constate en mode pause : « Le temps s’est arrêté comme suspendu aux sonorités des appareils en tous genres branchés sur mon corps en souffrance. […] Je vivais dans un monde coloré, rapide, minuté, calculé et je me suis retrouvé dans un espace blanc, dans lequel, lentement, les jours se languissent de façon calme et monotone. » La description de la prise des repas est jubilatoire avec le café en prime : « Enfin, pour finir, on nous sert un petit café chaud.Pour refuser de broyer du noir. »

Mélomane et passionné de piano, à J + 27, il tente d’apprivoiser ses doigts, mais quand il s’essaie à quelques notes de musique : « La séance est délicate. Les bémols sont plus nombreux qu’à l’accoutumée. Je préfère partir en pause, l’harmonie n’étant pas, aujourd’hui, à ma portée. »

À mi-parcours, lorsqu’il consacre un chapitre aux ergothérapeutes, ceux qui « redonnent des ailes », il en profite pour glisser un message sur l’état de santé de l’hôpital avec la voix de ces magiciens de la réadaptation : « L’hôpital est malade. Nous sommes des résidents fidèles de cette grande maison blanche. On en est fiers. L’hôpital coule dans nos veines. On en est l’âme. On tient les murs à bout de bras — c’est notre métier ! — mais on s’inquiète. Les murs se lézardent, les fissures apparaissent, la grosse machine s’enraye. Les délais s’allongent, les organisations s’effritent, les blouses blanches s’effilochent, les salariés s’épuisent. »    

 

Le narrateur, armé d’une plume grave, lucide, poétique et musicale, livre son combat, ses doutes, ses espoirs et traduit ses maux avec des mots choisis qu’il orchestre avec justesse et humour.     

Je vous laisse découvrir comment cet écrivain, Jean-Baptiste Roussel, est parvenu à se reconstruire et à trouver l’harmonie à portée de plume.

Avoir vu cette belle plume s’exprimer dans le cadre de mes ateliers d’écriture, quel plaisir !

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